Benoît drouault, artisan ébéniste

Ils font Saint Cloud 02/12/2020

Arrivé à Saint-Cloud il y a dix ans, Benoît Drouault a épousé un peu par hasard une carrière d’ébéniste. Un métier passion entre la rénovation de pièces souvent uniques et le lien particulier avec ses clients, qui placent entre ses mains une part de leur histoire.

Adolescent, il se rêvait commissaire- priseur et en avait pris le chemin avec des études de droit. C’était sans compter sur un stage étudiant de quelques semaines chez un ébéniste parisien qui s’est transformé… en une formation de trois années pour y apprendre comme il se doit le métier. « C'est Benoît Blaise qui m’a ouvert la voie en m’accueillant dans son prestigieux atelier du Faubourg Saint-Antoine à Paris. J’y ai tout appris. J’ai ensuite travaillé à Garches chez Romain de Soos avant de m’installer il y a huit ans à Saint- Cloud avenue du Maréchal-Foch. J’ai aujourd’hui à mes côtés deux apprentis et un carnet de commandes qui déborde ! Quoi de plus passionnant que de redonner toute sa splendeur à une vieille carcasse et de lui rendre son aspect d’origine ! Je travaille bien sûr avec les artisans d’art de la ville, ils sont nombreux : tapissiers, selliers, restaurateurs de tableaux ou encadreurs ainsi qu’avec le commissaire-priseur Guillaume Le Floch et son épouse Aimée. »

Un intellectuel à l’établi

Son atelier réunit de manière joyeusement désordonnée toute une galerie de locataires qui attendent patiemment leur tour : secrétaires, chaises, fauteuils, coffres ou horloges. « Je travaille avec un savoir-faire et des techniques qui datent du XVIIIe siècle. On prend soin de garder certaines blessures du temps et les défauts qui font le charme d’une pièce ancienne. C’est un long travail : entre deux et six heures pour un siège, 20 heures pour un bureau et de 30 à 80 heures pour une commode » explique l’artisan, à ce jour seul ébéniste à Saint- Cloud. Si les anciennes générations nous confient leurs meubles de famille, les moins jeunes nous apportent volontiers des meubles anciens qu’ils ont choisis et achetés. Les plus jeunes aiment composer davantage leur intérieur et créer leur univers en mélangeant les styles et les époques. Je crée pour eux des meubles sur-mesure, comme une console d’inspiration années 30 qui peut se décliner au gré des envies. »

Cette confiance partagée est une joie sans cesse renouvelée de ce métier.

Écouter et soigner

« Quand ils viennent ici, les clients nous livrent une petite partie de leur vie, c’est pourquoi j’ai l’impression de prendre soin des gens au travers des objets qu’ils nous confient. Présenter un meuble restauré à son propriétaire est souvent un moment d’émotion de part et d’autre ; cela fait partie des belles gratifications de ce métier. Mais les plaisirs de ce métier sont aussi de découvrir des mécanismes cachés, trouver une estampille, réussir à ouvrir une serrure et découvrir une ancienne correspondance ou visiter des lieux incroyables comme ici à Saint-Cloud. Je me sens également vraiment investi dans le rôle de proximité que doit jouer un commerçant à l’échelle de son quartier. Il faut prendre du temps pour les autres ! » Faire du lien social, une autre mission qu’il a réalisé, en famille cette fois-ci à la chapelle Saint-Joseph Artisan, en tant que foyer d’accueil. « Ce fut une mission incroyable que j’ai partagée avec mon épouse Anne et nos trois enfants âgés aujourd’hui de 4, 7 et 8 ans, basée sur l’écoute et le partage. »

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