Brice Mathieu, nouvel administrateur du Domaine national

Ils font Saint Cloud 16/03/2023

Venu du Louvre, Brice Mathieu aborde cet autre domaine royal avec la double ferveur de l’historien et de l’administrateur.

Quand le DRH du musée du Louvre a annoncé à ses collègues et amis qu’i l é tai t nommé administrateur du Domaine national de Saint-Cloud, la plupart ont ouvert des yeux ronds. Certains ont pensé au 18 Brumaire, les plus jeunes ont évoqué Rock en Seine, beaucoup découvraient qu’il y avait une vie au-dessus du tunnel de Saint-Cloud… Face à cette méconnaissance globale, déjà de nombreuses questions et axes de travail jaillissaient dans l’esprit du nouvel administrateur.

Du Louvre à Saint-Cloud

Brice Mathieu est arrivé au Louvre en tant que magasinier préposé aux dessins, en parallèle de son cursus d’histoire. Après l’obtention de son master II consacré au musée du Louvre durant la Seconde Guerre mondiale, il choisit une carrière dans l’administration en devenant secrétaire-assistant puis responsable administratif et financier, rattaché à la Direction générale jusqu’en 2013.

Il est ensuite nommé directeur par intérim de la recherche et des collections puis adjoint à la directrice de cette même entité : déjà, sa double appétence pour la recherche et l’administration lui ouvre des portes diverses au sein de l’institution. Nommé en 2016 directeur délégué du projet de centre de conservation de Liévin, dans le Pas-de-Calais, il supervise la construction du centre, en prépare le fonctionnement quotidien (budget et recrutement) et planifie le déménagement des 100 000 oeuvres alors menacées, à Paris, par le risque de crue centennale de la Seine. Les premières des 120 rotations de camions ont lieu dès octobre 2019 et se poursuivent après une brève interruption liée au confinement de mars 2020.

Une fois ce projet mené à bien, Brice Mathieu retourne à Paris pour devenir directeur des ressources humaines, à la tête d’une équipe de 65 personnes qui gèrent le recrutement et la carrière des 2 400 agents du Louvre. Mais le confinement a permis à Brice Mathieu de se découvrir une véritable passion pour le paysagisme, l’horticulture et le jardinage !

Quand il apprend que le Centre des monuments nationaux cherche un nouvel administrateur pour le Domaine de Saint-Cloud, il se porte aussitôt candidat, ravi de faire converger ses différentes compétences, y compris cet attrait pour l’art du paysage : ce changement de voie lui apparaît comme une évidence.

Ce domaine sans château est avant tout un lieu où l’on passe : forêt, jardins à la française et à l’anglaise, sont traversés par une autoroute et deux voies ferrées !

Donner une image au Domaine

Au milieu des 460 hectares du parc, où travaillent 75 personnes, Brice Mathieu se donne pour mission de mieux comprendre ce lieu inclassable, et de le faire connaître dans toute sa complexe identité. « Ce domaine sans château est avant tout un lieu où l’on passe : forêt, jardins à la française et à l’anglaise, sont traversés par une autoroute et deux voies ferrées ! », fait remarquer le nouvel administrateur, stimulé par ce nouveau défi.

Comment construire l’image du Domaine et la communiquer au public ? Soucieux de cultiver l’identité singulière de ce grand jardin protéiforme qui est aussi un lieu de vie quotidienne, Brice Mathieu jongle entre les contraintes domaniales et les difficultés quotidiennes de gestion, aux confins des sphères d’influence de l’État, propriétaire, et des villes limitrophes qui ont toutes un lien particulier avec le Domaine. Il souhaite d’abord mieux connaître les quelques millions de visiteurs qui fréquentent le Domaine, à partir d’une étude de publics qui permettra de savoir d’où viennent les habitués et les touristes d’un jour, ce qu’ils attendent, ce qu’ils voudraient voir amélioré…

Un cap et des projets

Pour que ce public s’approprie encore davantage les lieux, l’image d’un lieu voué à la détente et au sport, à la contemplation et à la convivialité, doit être confortée : différents projets s’ébauchent, comme une fête des plantes annuelle, du spectacle vivant avec des représentations théâtrales près du bassin du Fer à cheval…

Ces projets, Brice Mathieu veut les concevoir en lien avec les différentes instances, les faisant dialoguer dans un souci de complémentarité et non un esprit de concurrence stérile. Dans ce cadre, des sujets émergent, en écho aux grands projets alentour, comme le réaménagement de la RD7 par le Département ou la création du musée du Grand Siècle : les circulations des voitures et des cyclistes, par exemple, font l’objet de réflexions visant à améliorer les continuités de parcours avec les villes limitrophes.

Sur le décor du Domaine lui-même, outre le futur bicentenaire du jardin du Trocadéro, en 2024, le projet de restauration de la Grande Cascade de l’architecte Le Pautre, ce grandiose vestige des grandes heures du Domaine, est déjà lancé : il permettra, outre les travaux de consolidation nécessaires, de mieux mettre en valeur la fontaine monumentale en repensant l’environnement paysager.

« Administrer, organiser, faire avancer », tel est le triptyque dont Brice Mathieu fait sa devise pour aborder aussi bien les grands enjeux de l’avenir du Domaine que les sujets plus terre-à- terre qui participent aussi de cette identité à construire et à diffuser. À la barre du grand vaisseau privé de son château, le nouveau capitaine fixe un cap ambitieux et pragmatique à la fois, pour cingler vers l’avenir.

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