
Flânerie au coeur du quartier Coteaux/Bords de Seine
Distance : 2 KM
Durée : 1H30
Lieu : Coteaux / Bord de Seine
Fière de son histoire et de son patrimoine, la municipalité de Saint-Cloud vous invite à flâner dans les rues de la commune en publiant cinq livrets qui vous feront découvrir le patrimoine historique, artistique et architectural des différents quartiers de Saint-Cloud. Le passionné de patrimoine ou l’amateur de belles promenades pourra cheminer, de manière autonome, à l’aide de ce dépliant, en suivant les points numérotés sur le plan (au verso) qui indique les lieux emblématiques de la ville. Partez à la découverte des vestiges, des sites classés ou remarquables qui vous révèleront la richesse de Saint-Cloud. Son histoire commence il y a plus de 2000 ans lorsque la ville n’était encore qu’une simple bourgade gallo-romaine appelée Novigentum. Le quartier des Coteaux, autrefois agricole, vivait de la culture de la vigne tandis que les bords de Seine étaient plutôt réservés à l’activité des pêcheurs puis des blanchisseuses au XIXe siècle. Le quai Carnot était également investi d’hôtels et restaurants qui accueillaient les Parisiens venus profiter des distractions organisées dans le parc de Saint-Cloud. Ce quartier devient plus résidentiel au début du XXe siècle lorsque la Société foncière des Coteaux et du bois de Boulogne acquiert les terrains situés entre les deux voies de chemin de fer.
Le parcours commence au 36, rue du Dix-huit juin 1940.
L’ancienne rue des Platanes a été dénommée ainsi en 1952 afin de rendre hommage à l’appel du général de Gaulle.
L’église Saint-Joseph-Artisan a été créée dans les locaux d’une ancienne blanchisserie. Cette activité industrielle était très répandue au XIXe siècle sur les bords de Seine et faisait alors la particularité de ce quartier. Celle-ci a été transformée dans les années 1970 par l’architecte Xavier Rosset, et bénie le 14 mai 1972 par Monseigneur Jacques Delarue. Vous pourrez y admirer un mur en céramiques (façon azulejos), une oeuvre collective réalisée par les habitants du quartier sous l’impulsion de Maddy Cornu, sculptrice clodoaldienne.
Empruntez l’escalier du square des Milons, le boulevard Senard sur la gauche puis le boulevard Jules-Peltier sur la droite jusqu’à la passerelle de l’Avre.
Le boulevard Senard a été nommé ainsi en 1888 afin de rendre hommage à Jules Senard (1800-1885), nommé maire de Saint-Cloud en 1871 et qui a reconstruit la ville après les désastres de la guerre contre les Prussiens. Le boulevard suivant a pris le nom de Jules Peltier en 1929, ce dernier ayant été conseiller municipal et administrateur du bureau de bienfaisance de la Caisse des écoles.
Au XIXe siècle, pour faire face aux besoins croissants de Paris en eau, les sources de l’Avre, affluent de l’Eure, sont captées et conduites par une série d’aqueducs de 102 kilomètres jusqu’aux réservoirs établis à Saint-Cloud. Après leur passage dans ces réservoirs, en vue d’être traitées et purifiées, les eaux sont acheminées vers Paris par une conduite en acier de 1,50 mètre de diamètre qui traverse la Seine sur un pont-aqueduc métallique dit « Passerelle de l’Avre ». Cette passerelle a été réalisée par la société des établissements Eiffel, en 1891. Formée d’une structure métallique supportée par des piles maçonnées en pierres meulières, elle franchit la Seine entre Saint-Cloud et le Bois de Boulogne. Entièrement piétonne, n’hésitez pas à traverser cette passerelle lors d’une prochaine balade. Elle vous permettra de rejoindre agréablement les berges de la Seine à Boulogne- Billancourt puis le bois de Boulogne.
Continuez sur l’avenue du Maréchalde-Lattre-de-Tassigny jusqu’à la place Santos-Dumont.
C’est en 1952 que le Conseil municipal donne ce nom à l’ancienne avenue de Suresnes où a habité le maréchal en 1945 et 1946. Jean de Lattre de Tassigny préside d’ailleurs le grand prix automobile et motocycliste organisé le 9 juin 1946 à l’occasion de l’inauguration du tunnel de l’autoroute de l’Ouest.
Au croisement des avenues du Maréchal- de-Lattre-de-Tassigny et Clodoald, vous découvrirez une villa à l’architecture étonnante, comme sortie d’un conte de fée, d’où son surnom de villa ou manoir « Blanche-Neige ». Cette demeure a été édifiée vers 1905. Il s’agit d’une construction en meulière et brique témoin d’une architecture néo-normande du début du XXe siècle. La conception valorise la situation du terrain : implantation de la construction principale en partie haute et entrée sur l’angle. Le toit, à longs pans, en pavillon et polygonal, est particulièrement remarquable. Il est animé d’épis de faîtage, de crêtes et de lanternes sur cheminées. La construction de cette demeure est effectivement très complexe. Elle associe de nombreux éléments d’architecture tant dans la forme que dans le décor. On trouve à l’entrée un châtelet, c’est-à-dire un porche surmonté d’un bâti. Céramique, vitrail et mosaïques décorent joliment la façade.
Le 7 février 1900, en réponse à la Société des Coteaux du Bois de Boulogne et de Longchamps qui procède au lotissement d’anciens terrains agricoles sur les hauteurs de Saint-Cloud, le ministre des Travaux publics autorise la création d’une halte aux Coteaux, sur la ligne Puteaux- Issy-les-Moulineaux. Les installations prévues comprennent deux quais, deux escaliers d’accès aux quais et un bâtiment principal à cheval sur les voies, composé d’un vestibule, d’un bureau de distribution des billets, un bureau pour les facteurs et une salle d’attente au rez-de-chaussée, mais aussi d’un étage réservé au logement du chef de halte. Elle est construite par la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest au même moment que quatre autres gares, édifiées pour l’Exposition universelle de 1900, qui présentent la particularité d’être à cheval sur les voies (gare du Pont de l’Alma, gare du Pont Mirabeau, gare du Pont de Grenelle et gare de La Bourdonnais). Seule la gare du Pont Mirabeau (l’actuelle gare de Javel) est encore visible aujourd’hui. La gare des Coteaux, financée par la Société des Coteaux du Bois de Boulogne et de Longchamps, est ouverte en janvier 1901. La ligne 2 du tramway, mise en service en 1997, emprunte aujourd’hui cette ancienne voie ferrée, le nom Les Coteaux ayant été conservé pour la station. Le bâtiment principal de la gare a été réhabilité en 2006 pour abriter désormais l’espace d’animation réservé aux seniors. Des jardins potagers familiaux sont cultivés le long des voies, les talus de Saint- Cloud ayant été identifiés comme un corridor écologique à préserver. Cette gare a donc été construite au début du XXe siècle pour faciliter la venue des Parisiens qui venaient en villégiature à Saint- Cloud, recherchant le calme et les distractions : les essais aéronautiques dans le parc de l’Aéro-Club de France (l’actuel stade des Coteaux) attiraient, en effet, de nombreux curieux.
Alberto Santos-Dumont, pionnier de l’aviation, est né au Brésil en 1873 à Palmira, ville qui porte aujourd’hui son nom. Le 20 octobre 1898, aidé d’Ernest Archdeacon, de Léon Serpollet, du comte Henri de La Valette, de Jules-Albert de Dion, d’Henry de La Vaulx et d’Henry Deutsch de la Meurthe, Santos-Dumont participe à la création de l’Aéro-Club de France, à Saint- Cloud. Le 24 mars 1900, Henry Deutsch de La Meurthe offre un prix de cent mille francs au premier aéronef capable de réaliser en une demi-heure le trajet aller-retour de l’Aéro-Club de France à Saint-Cloud jusqu’à la tour Eiffel. Santos-Dumont remporte ce prix Deutsch de La Meurthe le 19 octobre 1901 avec le Santos-Dumont n°6. En 1903, il crée le plus petit de ses dirigeables, qui est surnommé « Baladeuse ». En 1906, il réalise le 14 bis, un appareil « plus lourd que l’air » : le 22 août, Santos- Dumont exécute ainsi le premier vol mécanique en France.
Alors que la Première Guerre mondiale se profile, Alberto Santos-Dumont décide d’arrêter sa carrière. Il supporte mal de voir l’aviation se mettre au service de la cause militaire, et lance un appel à la Société des nations pour limiter l’emploi des engins aériens comme armement en 1926.
Atteint d’une sclérose en plaques en 1928, il retourne au Brésil, son pays natal, la même année. Il s’y donne la mort le 23 juillet 1932.
Le 30 mars 1913, le conseil municipal de la ville de Saint-Cloud accorde à l’Aéro- Club de France l’autorisation d’élever un monument en hommage à Santos-Dumont s’il prend en charge les travaux d’aménagement. La stèle, qui supporte une statue en bronze représentant Icare, porte un médaillon de l’aviateur gravé par Georges Colin sur lequel se trouve une inscription : « Ce monument a été élevé par l’Aéro-Club de France pour commémorer les expériences de Santos-Dumont pionnier de la locomotion aérienne ». Le monument est inauguré le 19 octobre 1913. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la statue en bronze est retirée et fondue par les Allemands. Néanmoins, touchés par cet événement, les Brésiliens offrent, grâce à une souscription nationale, une réplique. Le deuxième monument est inauguré le 4 juillet 1952. Suite à l’élévation de ce monument, la place, appelée place de la Passerelle, est désormais baptisée place Santos-Dumont.
Au rond-point, prenez l’avenue Romand, qui a été baptisée ainsi en hommage à l’abbé Romand, mort en 1877 et qui a permis la reconstruction de l’église Saint-Clodoald de 1861 à 1863, puis tournez à droite sur l’avenue Clodoald.
Remarquable maison moderne dans ce quartier résidentiel, elle est conçue dès 1984 par Rem Koolhaas (1944), architecte néerlandais connu aujourd’hui pour la réalisation de la médiathèque de Caen (2017), de Lafayette Anticipations, la fondation d’entreprise des Galeries Lafayette (2018), de la bibliothèque centrale de Seattle (2004) ou encore du quartier d’affaires français Euralille. La villa de Saint-Cloud, d’une superficie de 350 m², située sur un petit terrain de 650 m², est finalisée en 1992. À l’origine, un couple passionné d’architecture, monsieur et madame Dominique Boudet, propriétaire du terrain à Saint-Cloud, souhaite construire une maison d’architecte représentative de l’architecture de son époque.
Après des années de recherche, ils confient le projet à Rem Koolhaas, qui n’a alors aucune réalisation à son actif. Pour la villa Dall’Ava, ce dernier doit respecter une contrainte importante : édifier une grande maison sur un terrain relativement étroit de moins de quinze mètres. L’architecte adopte la solution de construire une villa toute en longueur s’adaptant au sens du jardin, « une maison dans laquelle on peut marcher » selon son propriétaire. Cette demeure qui sera l’oeuvre d’une vie (le projet a mis plusieurs années à se réaliser), prend le nom de villa Dall’Ava, nom de jeune fille de la propriétaire. La maison est constituée au rez-dechaussée d’un long socle entièrement vitré aux extrémités duquel reposent deux blocs d’habitation autonomes, l’un pour les propriétaires, l’autre pour leur fille. Au niveau du toit, ces deux blocs sont reliés par une piscine (contenant quarante tonnes d’eau) flottant au-dessus de Saint-Cloud, depuis laquelle s’ouvre un vaste panorama sur Paris et dans la perspective notamment de la tour Eiffel.
L’architecte utilise une grande variété de matériaux (béton brut, verre, bois, ardoise, cuivre ou aluminium). La maison frappe par la grande légèreté et la liberté de son architecture. Véritable manifeste d’une architecture moderne, cette oeuvre de Rem Koolhaas fait référence au Style international des années 1920 à travers les pilotis qui soutiennent la structure, les fenêtres en longueur, la rampe intérieure ou le toit en terrasse.
L’architecte a pu s’inspirer de la villa Savoye édifiée à Poissy par Le Corbusier de 1928 à 1931, et sans doute de la Maison de verre de Philip Johnson (1949, New Canaan), l’un des premiers exemples de l’utilisation de la transparence en architecture, ou encore de la Farnsworth House, conçue et réalisée par Ludwig Mies van der Rohe entre 1946 et 1951 au sudest de Chicago. Celle-ci est également caractérisée par sa transparence : avec ses fenêtres coulissantes, cette maison de verre peut s’ouvrir presque totalement, permettant un accès privilégié au jardin en pente paysagé. La nature semble faire partie intégrante de la maison.
Revenez sur vos pas et continuez l’avenue Romand. Tournez à droite sur l’avenue Alfred-Belmontet, ancien maire de Saint- Cloud (1888-1908).
La construction de l’église Notre-Damedes- Airs débute le 18 mai 1913. Néanmoins, à cause de la Première Guerre mondiale, l’église n’est bénie que le 5 octobre 1919 par l’évêque de Versailles. C’est pour faire face au développement du quartier du Val d’or au début du XXe siècle que le chanoine Richard, curé de la paroisse de Saint-Cloud, décide de faire construire une église grâce aux dons des paroissiens.
D’abord appelée Notre-Dame Auxiliatrice du Val d’or, elle est renommée Notre-Dame-des-Airs en 1919, en hommage aux premiers exploits d’Alberto Santos- Dumont (1873-1932), et pour protéger les pilotes qui s’élancent de l’Aéro-Club situé près de cette nouvelle église. L’architecte Georges Benezech (1882- 1949) se charge de la construction de la chapelle. L’édifice, en pierre et en bois, est dit de style anglo-normand. Il est constitué d’une nef unique à charpente apparente en plein cintre et d’un choeur voûté en cul-de-four. Georges Benezech a su tirer parti des contraintes du terrain sur lequel est implantée l’église : il a optimisé la différence de niveau de plus de dix mètres avec l’avenue des Coteaux (aujourd’hui, avenue Belmontet) en concevant sous la nef une large salle.
Pour s’adapter au terrain, le choeur de l’église a été tourné vers l’ouest et non vers l’est comme le veut la tradition. Cela permet d’avoir, du parvis, une vue imprenable sur Paris. La chapelle du Val d’Or est dominée par une statue de Notre-Dame Auxiliatrice. L’originale en pierre, oeuvre de Jean Tournoux qui mesurait 3 mètres de hauteur, a été placée le 20 mai 1914, mais a été détruite par la foudre le 15 juin 1951. Elle a été remplacée le 1er mai 1954 par une statue en bronze réalisée par Pierre Meauzé, qui sert aussi de paratonnerre.
L’artiste clodoaldien Gaston La Touche a proposé au curé de Saint-Cloud de peindre pour le choeur une vaste toile représentant Notre-Dame-des-Airs mais il meurt avant d’avoir réalisé son ouvrage. À l’intérieur de la chapelle, trois arcs brisés sur chaque côté sont ornés de vitraux réalisés par les frères Auguste et Ludovic Alleaume entre 1925 et 1929. Ils représentent : L’Annonciation, La Fuite en Égypte, L’Assomption, Jésus à Nazareth, L’Annonce aux bergers, Le Péché originel ou La Promesse de Rédemption. Le dernier est primé à l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes.
En 2013, l’année de la célébration de son centenaire, l’église reçoit le label Patrimoine du XXe siècle attribué par le ministère de la Culture.