Hippodrome / Fouilleuse et Val d’Or

Distance : 2 KM

Durée : 1H30

Lieu : Hippodrome / Fouilleuse

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En bordure de Garches, Rueil-Malmaison et Suresnes, Hippodrome-Fouilleuse et le Val d’or sont les quartiers les plus récents de Saint-Cloud. Le nom Fouilleuse est dû à une déformation du mot « feuilleuse » (lieu boisé d’arbres de hautes tiges) apparu au XIIIe siècle, lorsque le domaine des moines de Saint-Denis ressemblait encore à une forêt de feuillus. Le Val d’or tire quant à lui son nom d’une source des Vaux d’Or qui alimentait le château de Suresnes et les vignes aux alentours.

Hippodrome
L'hippodrome

 

Vous vous trouvez devant le bâtiment en brique qui abritait l’ancien service des eaux et de l’assainissement de la ville de Paris, géré aujourd’hui par l’opérateur public unique Eau de Paris. De l’autre côté, tout au long de la rue de l’Avre, vous pouvez apercevoir un grand terrain où sont installés les réservoirs de l’Avre.

Au XIXe siècle, les besoins de Paris en eau ne cessent de croître. Le 26 janvier 1885 est approuvé le projet de dérivation des sources de l’Avre, affluent de l’Eure, mais ce n’est que le 5 juillet 1890 qu’est promulguée la loi portant déclaration d’utilité publique du captage au profit de la ville de Paris des sources de la Vigne et de Verneuil. Celles-ci sont conduites par une série d’aqueducs de 102 kilomètres jusqu’aux réservoirs établis à Saint-Cloud, sur le versant nord du plateau de Montretout au lieu-dit « Les Villarmains ». C’est Fulgence Bienvenüe, célèbre père du métro parisien, qui dirige la construction des aqueducs.

Le 1er compartiment du réservoir de l’Avre est inauguré le 30 mars 1893. De grandes fêtes sont données à cette occasion. Le second est terminé en 1896 et le troisième en 1900. Chacun contient 100 000 m3 d’eau. Un quatrième compartiment, plus grand que les précédents, est construit de 1937 à 1939 poussant la capacité totale à 426 000 m3. Après leur passage dans le réservoir, en vue d’être traitées et purifiées, les eaux sont acheminées vers Paris par une conduite en acier de 1,50 mètre de diamètre qui traverse la Seine sur un pont-aqueduc métallique dit « Passerelle de l’Avre ».

Continuez la rue de l’Avre jusqu’à l’hippodrome.

L’hippodrome de Saint-Cloud se situe sur le domaine de Fouilleuse, ancienne terre seigneuriale, fief de l’abbaye de Saint-Denis. Napoléon III fait l’acquisition de ces terrains, alors cultivés de betteraves à sucre, pour y créer une ferme modèle. La propriété est rattachée au domaine de la Couronne en 1859 et la ferme est inaugurée le 24 mai 1860 par la présentation des premières machines à moissonner.

Elle devient un véritable lieu expérimental. De nouvelles machines agricoles à vapeur y sont, par exemple, essayées. La guerre franco-prussienne met fin à ces expériences, les bâtiments de la ferme étant incendiés le 13 janvier 1871. Après la guerre, les infrastructures sont utilisées par l’administration pénitentiaire qui y implante un centre de rééducation pour mineurs, jusqu’en 1895. L’État met finalement en vente aux enchères publiques le domaine, le 1er février 1898.

Edmond Blanc (1856-1920), fils de François Blanc, le fondateur du casino de Monte-Carlo et de la Société des bains de mer de Monaco, se porte acquéreur du terrain de 77 hectares. Passionné de chevaux, ce dernier, après avoir racheté quelques lots supplémentaires pour obtenir un domaine plus grand et plus régulier, transforme les terres en un vaste champ de courses de 83 hectares. Il aménage des pistes de 50 mètres de largeur avec de vastes courbes et une ligne droite de près d’un kilomètre. Il fait construire des écuries, un pavillon de pesage, des tribunes ainsi qu’une somptueuse habitation personnelle par l’architecte Léon Berthault qui choisit un style anglo-normand. Des routes intérieures sont tracées, ponctuées de maisons de garde. Un tunnel percé sous la piste relie même le pesage à la pelouse. Edmond Blanc loue l’hippodrome, pour une durée de cinquante ans, à la Société d’encouragement pour l’amélioration du cheval français de demi-sang. Inauguré le 15 mars 1901, le champ de courses devient très vite populaire. Pendant la Première Guerre mondiale, les courses de chevaux sont suspendues et l’hippodrome est réquisitionné pour accueillir un hôpital canadien. Les activités reprennent après la guerre mais, le 9 février 1918, la Société du demi-sang cède le bail de l’hippodrome de Saint-Cloud à la Société sportive d’encouragement, exploitant des hippodromes de Maisons-Laffitte et d’Enghien. Le prix du Président de la République, qui se disputait à Maisons- Laffitte depuis 1904, est ainsi transféré à Saint-Cloud. Les courses sont de nouveau interrompues par la Seconde Guerre mondiale. L’ensemble du domaine devient la propriété de la Société immobilière de la Fouilleuse fondée par Marcel Boussac (1889-1980), les deux fils d’Edmond Blanc lui ayant cédé leurs parts. Après le renouvellement du bail, la Société sportive transforme l’hippodrome. La modernisation est confiée à Eugène Lizero (1907-1987) qui reconstruit notamment les tribunes, guichets, stalles et boxes qui sont inaugurés en 1955. Vendu en 1974 par Marcel Boussac à la Société sportive d’encouragement, l’hippodrome de Saint-Cloud fait aujourd’hui partie du patrimoine de France Galop, société créée le 3 mai 1995 suite à la fusion de la Société d’encouragement et des steeple-chases de France, de la Société de sport de France et de la Société sportive d’encouragement. Les cinq pavillons de gardien, le manège et l’ancien atelier de maréchalerie édifiés en bois et brique dans un style anglo-normand ont été inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 6 juin 1986. Par ailleurs, la totalité de l’hippodrome bénéficie de la protection site classé, depuis la parution du décret le 8 juillet 1998. Hippodrome de galop, il est constitué d’une piste de 2 300 mètres en herbe. Parmi la trentaine de courses programmées par France Galop chaque année, le grand prix de Saint-Cloud, organisé au mois de juin, est l’un des principaux rendez-vous des amateurs de courses hippiques.

À cette adresse, vous remarquerez une plaque commémorative qui rend hommage aux militaires canadiens venus installer un hôpital sur l’hippodrome pour soigner les blessés français de la Première Guerre mondiale. Celle-ci a été placée en novembre 2015 suite à l’exposition que le musée des Avelines a consacrée à ce moment de l’histoire, « Un Camp canadien à Saint-Cloud » (du 16 avril au 12 juillet 2015). Au cours de la Première Guerre mondiale, la ville de Saint-Cloud, éloignée du front, accueille plusieurs hôpitaux pour soigner les blessés, dont le Camp canadien. Le Canada étant un dominion autonome britannique, il est entraîné dans la guerre contre l’Allemagne et fait alors preuve d’un élan de solidarité remarquable. Le Camp canadien, qui prend au départ le nom d’hôpital stationnaire n°4, est créé en 1915 par un médecin reconnu de Montréal, le colonel Arthur Mignault, qui puise dans sa fortune personnelle. Selon sa volonté, seuls les Canadiens-Français (c’est ainsi que l’on appelle les Québécois à l’époque) sont enrôlés dans cet hôpital. Aux médecins se rajoutent les infirmières diplômées, à l’origine toutes des Canadiennes-Françaises, qui reçoivent le statut d’officier. Le recrutement, l’entraînement et le perfectionnement du personnel ont lieu à Montréal jusqu’à l’ordre de départ imminent pour l’Europe le 2 mai 1915. Le 6 mai 1915, l’hôpital stationnaire n°4 quitte le Canada pour la Grande-Bretagne. « Le personnel de l’unité, composé de 10 officiers, 34 infirmières, 9 sous-officiers et 77 soldats, s’embarqua à bord du S.S. Metagama. » L’unité arrive à Devonport en Angleterre le 15 mai 1915. Au mois de juillet 1915, alors que l’hôpital stationnaire n°4 s’apprête à embarquer pour Lemnos en Grèce, le docteur Mignault informe le directeur général des services médicaux canadiens que le Premier ministre canadien, sir Robert Laird Borden, alors en visite à Paris, a offert au président français Raymond Poincaré, l’hôpital stationnaire n°4, afin qu’il soit mis à la disposition des blessés français. La langue de travail de cet hôpital stationnaire étant le français, il a semblé aux autorités britanniques et canadiennes que cette unité « pourra accomplir un travail beaucoup plus utile envers les blessés français qu’elle ne pourra le faire en zone anglaise ». Arthur Mignault décide d’implanter l’hôpital sur l’hippodrome de Saint-Cloud, les courses ayant été suspendues depuis le début de la guerre. Le site bénéficie d’une très large irrigation, l’eau étant indispensable au fonctionnement de l’hôpital. Les premiers baraquements canadiens destinés à apporter des soins aux blessés du front, ceux que l’on nomme les poilus, sont édifiés à partir de novembre 1915. Chaque baraquement contient 20 à 40 lits. Des tentes accueillent également les blessés en convalescence. Autour des tribunes du champ de courses sont disposés les logements du personnel hospitalier. Si le Canada prend à sa charge le salaire et la nourriture des médecins et infirmières militaires, le personnel est administré par la Grande-Bretagne et est assujetti au code disciplinaire britannique. Les médicaments, pansements et le matériel technique sont fournis par le Canada via les entrepôts britanniques, et les ambulances par la Croix-Rouge canadienne. La France s’engage en contrepartie à fournir aux militaires les édifices, la nourriture des blessés, le personnel d’entretien et les cuisiniers. L’hôpital stationnaire n°4 prendra, en 1916, la dénomination française d’hôpital bénévole n°11 bis. Le 5 juillet 1916, en prévision d’une augmentation de ses activités, il change de statut et devient l’hôpital général n°8 pouvant accueillir 520 lits. L’hôpital est actif du mois de mars 1916, date de l’arrivée des premiers blessés, jusqu’au début de l’année 1919. Les premiers blessés, qui arrivent de la grande bataille de Verdun, souffrent essentiellement de fractures des bras, des jambes, de fractures maxillaires, d’amputations, de plaies aux mains et au crâne par éclats d’obus. Au cours de la Première Guerre mondiale, face à l’affluence tragique des blessés, la médecine et la chirurgie progressent techniquement, en particulier la chirurgie maxillo-faciale qui doit réparer les souffrances des « gueules cassées ». Le Camp canadien possède une salle de radiographie avec les plus récents appareils qui fonctionnent quotidiennement. La radiologie apporte une aide décisive à la chirurgie. Dans la même mesure, les blessures par éclats d’obus occasionnent de grandes hémorragies des membres. Le remplacement rapide du sang perdu contribue à empêcher les blessés d’entrer en état de choc hémorragique et de mourir. Le 29 juillet 1916, une première transfusion sanguine est pratiquée avec succès au Camp canadien. Afin de rendre un hommage significatif et durable aux militaires canadiens installés sur son territoire, le Conseil municipal de la ville de Saint-Cloud décide, dès le 4 novembre 1917, de débaptiser la rue de la Plaine, qui longe le champ de courses de Saint-Cloud, pour lui donner, désormais, le nom de la rue du Camp-canadien.

Longez l’hippodrome et la rue du Camp canadien sur 600 mètres et prenez la rue Michel-Salles à droite.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, José Sébastián de Goyeneche y Gamio (1836-1900), issu d’une famille de Grands d’Espagne, acquiert des terrains agricoles d’une surface de 3 hectares, situés de part et d’autre de la rue du Mont-Valérien. À sa mort en 1900, il transmet à ses soeurs le domaine qui reste dans cette famille jusqu’en 1928. Au début du XXe siècle, la famille de Goyeneche fait construire par l’architecte R. Gaillard un château qui prend le nom de Castel Gamio. Dans le bâtiment des communs, les logements des domestiques sont agencés au-dessus des écuries et des remises. Le château est agrémenté d’un vaste parc. À l’une des extrémités du domaine, R. Gaillard a édifié une tour d’eau, un réservoir qui permettait de subvenir aux besoins domestiques du Castel Gamio et à l’arrosage des jardins. Surmontée d’un pigeonnier et entourée d’un poulailler, d’un chenil et d’une faisanderie, cette tour présente un intérêt architectural par la décoration composée des briques de différentes couleurs. Au cours de l’année 1928, la famille de Goyeneche met en vente son domaine. Le docteur François Debat (1882-1956), fondateur des laboratoires pharmaceutiques éponymes installés à Paris puis à Garches, l’acquiert en 1930. À l’époque, il trouve à Saint-Cloud, campagne encore verdoyante, le bon air qu’il recherche pour sa famille. Il fait démolir le château et demande à l’architecte normand Henri Jacquelin de lui construire à l’endroit le plus élevé de la parcelle une demeure de style anglo-normand – la villa actuelle des Tourneroches –, mais aussi une loge de gardien et une maison proche de la gare, au-dessus de la ligne de chemin de fer. La tour d’eau du Castel Gamio est conservée et se dresse encore aujourd’hui en bordure de la rue Michel-Salles que vous venez d’emprunter. Les pièces intérieures sont décorées dans le style Art déco, comme les portes coulissantes en arc de cercle, qui existent toujours. La maison accueille de grandes réceptions organisées par le docteur Debat. Il y reçoit des scientifiques, des artistes comme la pianiste Marguerite Long (1874-1966) ou l’architecte décorateur René Crevel, ainsi que ses célèbres voisins, tels la princesse Marie Bonaparte ou le collectionneur Charles Oulmont. À l’extérieur, le jardin est agrémenté de volières et d’espèces florales cultivées dans les serres. Durant la Seconde Guerre mondiale, la maison est réquisitionnée par les Allemands : l’état-major de la Luftwaffe, l’armée de l’air de la Wehrmacht, s’y installe. François Debat récupère sa demeure intacte en 1945 et l’occupe jusqu’à sa mort, en 1956. En 1976, son fils, Jacques © Ville de Saint-Cloud / Service Communication 8 Debat, met la villa des Tourneroches à disposition de l’association consacrée à la protection des animaux créée par Brigitte Bardot. Sensible aux problématiques environnementales, il y avait installé, dès 1972, un centre d’études pour la préservation de la vie et la protection de la nature. En 1980, Jacques Debat donne à la ville de Saint-Cloud un hectare de terrain qui devient un jardin public en 1996. Une deuxième donation en 2001 par Pernette Debat, son épouse, accorde à la commune un hectare supplémentaire ainsi que la villa des Tourneroches, désormais propriété de la Ville de Saint-Cloud.

Empruntez la rue du Pierrier jusqu’à la passerelle de la gare du Val d’Or.

Lorsque la ligne de chemin de fer Paris- Versailles est créée en 1839, aucun arrêt ne dessert le quartier des Coteaux. En 1901, l’inauguration de l’hippodrome engendre la création d’une halte ferroviaire au Val d’or. Elle se situait à l’emplacement de la gare actuelle mais ne comportait aucun bâtiment et ne fonctionnait que les jours de courses. Le quartier s’urbanisant au début du XXe siècle, cette simple halte est transformée en véritable gare. Celle-ci est inaugurée le 15 mars 1911. En 2009, des travaux y sont menés afin de faciliter la circulation et l’accès aux trains, notamment pour les personnes à mobilité réduite : remplacement de la passerelle à usage public, pose d’escaliers fixes et mécaniques et d’ascenseurs pour chaque quai, mise en place de bandes d’éveil de vigilance et de balises sonores. L’aménagement de cette gare fait partie des réalisations retenues par le ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement comme exemples à suivre en matière d’accessibilité à tous.

Retournez sur vos pas et empruntez la rue du Mont-Valérien sur votre gauche.

Lorsque le cinéma indépendant Le Régent, situé rue Gaston-La-Touche, ferme au début des années 1970, Jean-Pierre Fourcade, le maire de l’époque, affirme sa volonté de créer un cinéma municipal pour le remplacer, ainsi qu’une salle de Vue intérieure de la gare du Val d’or, carte postale, vers 1911, Saint-Cloud, musée des Avelines (inv. 91.3.16) spectacles polyvalente, celle-ci permettant d’enrichir, tout au long de l’année, la saison théâtrale de la ville qui ne proposait que le Festival d’automne, au parc de Saint-Cloud. Ce projet a été programmé dans le cadre du deuxième plan quinquennal d’équipement collectif et a bénéficié d’une aide importante du conseil régional d’Île-de-France. Les travaux débutent en 1980 sur un terrain vague situé entre la rue du Mont-Valérien et la voie ferrée. La construction est confiée aux architectes Durand et Mabileau. Le bâtiment, parfois décrié par les riverains, s’intègre malgré tout dans l’urbanisme du quartier. Il tire son nom du Pont des 3 Pierrots qui enjambe la voie ferrée non loin de la rue du Mont-Valérien et rappelle la présence de l’ancienne guinguette qui avait pour enseigne trois moineaux, effacés plus tard et remplacés par trois pierrots, personnage de la commedia dell’arte. Le Cinéma-Théâtre des 3 Pierrots ouvre ses portes au public le 5 mai 1981. Il est inauguré le 30 septembre 1981, en avant-première du Festival d’automne, en présence de Jean-Pierre Fourcade, sénateur-maire de Saint-Cloud, et de Michel Giraud, président du conseil régional d’Île-de-France. L’ensemble est constitué de deux salles. La plus grande, baptisée salle Lino Ventura en janvier 1989, d’une capacité de 400 places à l’origine, possède désormais 439 fauteuils. La petite salle, appelée studio Bertrand Tavernier depuis 2015, comportant 130 places à l’ouverture (aujourd’hui 142), est presque exclusivement consacrée au cinéma. Le cinéma est équipé en projecteurs numériques ultra haute définition 4K, mais conserve néanmoins une cabine de projection argentique lui permettant de projeter des films tournés en pellicule. Les 3 Pierrots présentent une programmation riche de pièces de théâtre, de spectacles visuels, de concerts classiques ou de variétés. Des spectacles à destination du jeune public sont également à l’affiche.

Continuez la rue du Mont-Valérien jusqu’au prochain carrefour et prenez à gauche le pont des 3 Pierrots d’où vous verrez l’impressionnant immeuble Dujarric.

Cet immeuble de logements collectifs, bordé par la rue des Gâte-Ceps, la rue du Calvaire et la rue du Bois-de-Boulogne, a été construit en 1936 par Louis Faure-Dujarric (1875- 1943), architecte célèbre pour la réalisation du grand magasin des Trois-Quartiers à Paris, l’hippodrome de Buenos Aires ou bien le court central de Roland-Garros. Le bâtiment en béton, typique du mouvement moderne du deuxième quart du XXe siècle, rappelle l’esprit du Bauhaus, notamment avec sa façade très graphique. La Caisse des dépôts et consignations fait construire et finance cet ensemble immobilier. La rue des Gâte-Ceps, dont le nom rappelle la présence des vignobles sur les coteaux de Saint-Cloud, est alors une voie privée appartenant à la Caisse des dépôts. Elle est rattachée à la voie publique au moment de la construction de l’immeuble. La situation de l’immeuble est privilégiée, en haut de la colline de Saint-Cloud, dominant la Seine, Paris et le bois de Boulogne. Les habitants bénéficient de jardins qui offrent la verdure et le grand air malgré la promiscuité. L’ensemble est composé de douze « maisons » qui forment un grand U dont l’une des branches est plus longue, englobant ainsi le parc central qui descend de la grande terrasse vers les tennis. Le dernier étage de chaque maison débouche sur le sommet de la « maison » voisine aménagé en terrasse. L’emplacement de l’édifice permet d’offrir une vue imprenable sur Paris. C’est pourquoi les appartements sont tournés vers l’extérieur : grandes baies, terrasses, balcons ouvrent sur le paysage. Les intérieurs sont composés de grandes galeries et de vastes pièces à plafonds chauffants, de bois apparents, de fenêtres métalliques, de portes laquées, d’escaliers revêtus de pierre. À l’extérieur, une terrasse de 100 mètres de long domine le parc dans lequel les arbres sont disposés en étage. Deux plaques commémoratives, apposées sur la façade du 15, rue des Gâte-Ceps, rappellent que « Louis H. Citroën (1903-1944), capitaine de l’Arme blindée (1939-1940), alias Constant Vincent dans le réseau Résistance Fer, arrêté en mission par la Gestapo, mort pour la France au camp d’Auschwitz, habita cet immeuble de 1937 à 1940 » et que « Maurice Allais (1911-2010), ingénieur général des Mines (X31), professeur à l’École nationale supérieure des mines de Paris (1944-1988), médaille d’or du Centre national de la recherche scientifique (1978), prix Nobel de sciences économique (1988), grand-croix de la Légion d’honneur, habita cet immeuble de 1943 à 2010 ».

Revenez sur vos pas et prenez en face la rue Traversière qui vous mènera au parc Marie Bonaparte.

Ce parc a été baptisé en l’honneur de Marie Bonaparte, née à Saint-Cloud le 2 juillet 1882 dans la demeure familiale située au 7 rue du Mont-Valérien et fille de Marie-Félix Blanc (1859-1882), riche héritière de la fortune de François Blanc (1806-1877), le créateur du casino de Monte-Carlo et de la Société des bains de mer de Monaco, et de Roland Bonaparte (1858-1924), le petit-fils de Lucien Bonaparte, frère de Napoléon Ier. Un mois après sa naissance, la mère de Marie Bonaparte décède des suites d’une embolie. Marie est alors élevée par ses nourrices et sa grand-mère paternelle.

Elle reste également proche de son oncle Edmond Blanc (1856-1920), frère aîné de sa mère et créateur de l’hippodrome de Saint-Cloud. Elle passe son enfance entre la maison de Saint-Cloud, qui lui rappelle le souvenir de sa mère, et le somptueux hôtel particulier parisien de l’avenue d’Iéna construit par son père entre 1896 et 1899. Marie Bonaparte épouse, en décembre 1907, le prince Georges de Grèce (1869-1957) et devient, par ce mariage, princesse de Grèce et de Danemark. Toute sa vie, et malgré de nombreux voyages dans les cours européennes, elle reste attachée à la maison où elle est née. Marie Bonaparte transforme peu à peu la villa de Saint-Cloud en une vaste propriété de 35 000 m² rachetant au fur et à mesure les parcelles de terrain avoisinantes. Bordée par le boulevard de la République et la rue des Villarmains, la propriété s’étend audelà de la rue du Mont-Valérien. Proche de la famille de son époux, Marie Bonaparte accueille à Saint-Cloud le prince André (1882-1944) et sa famille – y compris son fils Philip, futur mari de la reine Elisabeth II d’Angleterre – lorsque ceux-ci sont contraints de quitter la Grèce à la suite de l’abdication du roi Constantin Ier, en 1922. Pionnière de la psychanalyse en France, elle favorise la diffusion des idées de Sigmund Freud (1856-1939) dont elle est l’amie et la patiente de 1925 – année qui suit la mort de son père – à 1938. Elle participe activement à la création de la Société psychanalytique de Paris et de la Revue française de psychanalyse. Marie Bonaparte est aussi une femme engagée. Elle s’investit dans de nombreux combats, comme la lutte contre la peine de mort, et soutient financièrement plusieurs institutions scientifiques comme l’Institut Pasteur ou l’Institut du Radium. À la mort de Marie Bonaparte en 1962, ses enfants Eugénie et Pierre vendent la maison. Dans les années 1968-1970, celle-ci est détruite et les premiers immeubles en bordure de la rue du Mont-Valérien (résidence Séverine) et de la rue des Villarmains (résidence Caroline) sont édifiés. En 1973, le reste de la propriété est loti selon un programme de construction de logements établi par la SINVIM prenant le nom de résidence Marie-Bonaparte. Les deux enfants de Marie Bonaparte offrent à la municipalité de Saint-Cloud une parcelle arborée qui est devenue ce parc public, ainsi que, de l’autre côté de la rue du Mont-Valérien, l’ancien potager sur lequel a été construit Les 3 Pierrots, mais aussi une maison qui accueille aujourd’hui l’Espace Emploi.

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