Mme Fretz, la mémoire du centre/village

Ils font Saint Cloud 13/06/2019

Installée depuis l’enfance rue de l’Église, Madame Fretz fait revivre par ses récits le passé encore très présent du quartier Centre/ Village. Autour de l’église Saint-Clodoald, survivante des combats de 1870, le quartier incarne le Saint-Cloud d’autrefois, ses petites rues commerçantes et son esprit « village ». C’est cet esprit que la famille Le Chapelin-Fretz, installée rue de l’Église depuis 1944, s’attache à faire revivre au quotidien.

Le village de Saint-Cloud

Quand Madame Fretz parcourt les rues du centre, le décor est pour elle un palimpseste : sous les devantures d’aujourd’hui, elle retrouve, intactes dans sa mémoire, celles d’hier, et les évoque avec un talent de conteuse qui vous donne l’illusion de les avoir toujours vues. L’après-guerre, c’est pour Madame Fretz l’enfance rue de l’Église, la boutique au n°14 (actuel restaurant Délice de l’Inde), où la famille passe plus de temps que dans l’appartement attenant, petit mais pourvu de sanitaires individuels, encore rares dans ces années-là. Ce sont les années à l’école du Centre, les maîtresses qui, trente ans après, lui donnaient encore du « Mademoiselle Le Chapelin »… et les camarades d’école, qu’on retrouve le soir pour jouer rue Jeanne, et qui « s’appellent presque toutes Nicole », s’amuse Madame Fretz. Au pied de l’église et de la mairie, règne une vraie ambiance de village. Le jeudi, on traverse tranquillement, sous l’oeil attentif des grands-mères, l’autoroute de l’Ouest, ouverte en 1935, pour aller jouer les explorateurs dans le parc de Saint-Cloud. Le tunnel, en 1944, est encore plein des munitions que les Allemands y ont stockées : les familles alentours sont sur le qui-vive, prêtes à fuir si cette poudrière venait à exploser…

Un passé très présent

Bien sûr, des boutiques ont disparu, comme l’épicerie Belon, au 9, rue de l’Église, dont la belle devanture avait été immortalisée sur carte postale vers 1900, et dont l’aspect n’avait pas beaucoup changé en 1945, avec boîtes, bouteilles, bocaux, et des réclames pour des marques qui nous sont encore familières : Suchard, Milka, Lipton… Bien sûr, les enfants ne vont plus chercher le lait, dans leur bidon de fer blanc, à la ferme de la rue Gounod (devenue le garage des Deux portes), comme le faisaient les enfants Le Chapelin vers 1945… Mais ce qui frappe quand l’on superpose les souvenirs de Madame Fretz et l’aspect actuel du quartier, c’est bien une impression globale de continuité, au-delà des traumatismes urbanistiques qu’ont été le viaduc de l’autoroute puis les Bureaux de la Colline. Même si le nombre de petits commerces a diminué, comme partout, certains locaux ont la même affectation qu’il y a 75 ans ! Le fromager actuel, le Hâloir, est installé à la place d’une ancienne crèmerie, Nicolas occupait déjà les locaux de l’actuel Nicolas, « La Boucherie » s’est installée dans les locaux d’une ancienne boucherie, et bien sûr, la boutique Le Chapelin-Fretz s’est seulement déplacée de quelques mètres pour s’installer dans ses locaux actuels en 1982. Et s’il n’y a pas de nostalgie excessive dans l’évocation, par Madame Fretz, du Saint- Cloud d’autrefois, c’est d’abord parce qu’elle le côtoie tous les jours dans ces rues qui n’ont pas beaucoup changé depuis son enfance – et elle se rappelle avec effroi que sans le coup de frein de Jean- Pierre Fourcade en 1971, les Bureaux de la Colline auraient vu leur étendue doubler ! C’est aussi parce que, en commerçante habile à percevoir les aspirations des clients, elle croit au grand retour du commerce de proximité en centre-ville après l’exode centrifuge vers les grandes surfaces en périphérie des villes. Le quartier Centre/Village, vestige du Saint-Cloud d’avant-guerre, marqué par l’urbanisme des années 1970, symbole de la revitalisation des centres-villes ? La Ville s’emploie à réaliser cette prophétie en faisant revenir les commerces indépendants, à nous tous de faire revivre le village au quotidien !

Pour une visite du quartier, vous pouvez vous procurer la Flânerie au coeur du quartier Centre/Village, disponible au musée des Avelines, à l’hôtel de ville et ici.
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