Geneviève de Fontenay, une figure de Saint-Cloud

Ils font Saint Cloud 05/10/2023

Elle laisse aux Clodoaldiens le souvenir d’une généreuse simplicité, bien éloignée de sa caricature médiatique. La « dame au chapeau » ne déambulera plus dans les rues de Saint-Cloud.

Geneviève de Fontenay nous a quittés le 1er août dernier, à 90 ans. Installée à Saint-Cloud depuis soixante ans, elle était devenue une figure familière pour les Clodoaldiens, qui la croisaient souvent dans les rues et chez les commerçants du Centre Village et de Montretout, gantée et chapeautée, mais toujours souriante et accessible.

« Une amie de Saint-Cloud »

©Sandra Saragoussi

Le maire Éric Berdoati a, à juste titre, déploré la perte d’une « amie de Saint- Cloud ». Geneviève de Fontenay affichait en effet son attachement à Saint-Cloud, ne manquant jamais de vanter, en France et à l’étranger, les charmes de celle qu’elle appelait joliment « [sa] ville impériale ». Elle qui avait été élue Miss Élégance en 1957 mettait un point d’honneur à toujours arborer à Saint-Cloud ses fameux tailleurs noir et blanc et un chapeau assorti, noir gansé de blanc ou blanc gansé de noir, selon l’inspiration du moment.

En emménageant dans la résidence Feudon-Béarn, Geneviève de Fontenay avait d’ailleurs découvert, coïncidence amusante, que sa résidence avait été construite dans l’ancienne propriété d’une actrice française, Viviane Romance, élue Miss Paris en 1930.

Elle rappelait aussi qu’une ancienne Miss France, Michelle Beaurain, élue en 1970, avait ensuite dirigé pendant de nombreuses années l’hôtel Quorum, boulevard de la République. Geneviève de Fontenay ayant affirmé par plaisanterie qu’elle avait reçu les médailles de toutes les villes de France, sauf celle de sa propre ville, l’omission fut aussitôt réparée : en septembre 2014, le Maire lui remit solennellement la médaille de la Ville pour récompenser un demi-siècle de fidélité et la remercier de se faire, dès qu’elle en avait l’occasion, le chantre de la douceur de vivre à Saint-Cloud.

L’épopée Miss France

à Longwy, son père étant ingénieur des mines dans les aciéries d’Hagondange. Aînée d’une fratrie de dix enfants, elle fait ses études secondaires chez les religieuses, à Metz, mais quitte assez vite le lycée au profit de l’école hôtelière puis d’une école d’esthéticienne à Paris. Très jeune, elle rencontre Louis Poirot, de vingt-six ans son aîné, avec qui elle a un premier enfant, en 1954, puis un deuxième fils, né en 1961 à Saint-Cloud, où le couple s’est installé. De son passé de résistant, Louis Poirot a conservé le pseudonyme « de Fontenay », qu’il entend transmettre à ses enfants, ce qui ne sera rendu possible qu’en 2007 par un décret du Premier ministre.

Devenue modéliste et mannequin, Geneviève de Fontenay devient dès 1954, secrétaire générale du comité Miss France, dont Louis Poirot est délégué général, et dont elle prendra la tête au décès de celui-ci, en 1981, associant alors leur fils au pilotage du concours Miss France. À ses yeux, l’élection de Miss France est un hommage aux femmes et à l’élégance à la française : elle se voit en garante d’une tradition et d’un prestige typiquement français, qu’elle défend avec une forme de patriotisme viscéral, ce qui lui vaut des sympathies de tous bords politiques, et quelques réactions hostiles à ses prises de position réactionnaires assumées.

Les dernières années clodoaldiennes

À la suite de divergences sur l’esprit du concours et le comportement de certaines lauréates, Geneviève de Fontenay quitte la société Miss France en 2010 et fonde aussitôt un comité dissident, qui, après d’autres tribulations, organise le concours « Miss Prestige national ». Même après qu’elle s’est officiellement retirée de tout concours, en 2016, sa célébrité ne pâlit pas, et elle continue de parcourir la France à la rencontre de son public fidèle, de rencontres en dédicaces : « Les voyages forment la jeunesse ! déclarait-elle avec humour à Saint-Cloud magazine il y a quelques années. Et partout où je vais, je suis toujours bien accueillie, je rencontre beaucoup de monde, c’est la belle vie ! Alors, la seule chose qui m’arrêtera, c’est la mort. Ou le jour où l’on ne me reconnaîtra plus et qu’on ne demandera plus rien ! ».

Même lorsque l’âge a imposé ses limites, ses promenades dans Saint-Cloud lui rappelaient à quel point elle était restée chère au coeur des Français : « J’accepte toujours de me faire prendre en photo quand on me le demande ! Dans ma ville, ce sont souvent des jeunes qui viennent me voir, quand je suis sur le quai de la gare ou chez un commerçant… », s’amusait-elle. Sa silhouette familière, surmontée de son inamovible chapeau, restera longtemps imprimée dans la mémoire des Clodoaldiens, nimbée d’affectueuse nostalgie.

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